Fourgonautes

Les Fourgonautes sont ces frontaliers modernes qui, faute de mieux, dorment dans leur camion aménagé à deux pas de la Suisse, entre Vallorbe et la station-service d’Houtaud. La plupart roulent en Fiat Ducato, Renault Trafic ou autre Volkswagen fatigué, transformé en studio mobile avec matelas pliable, glacière et rideaux aimantés Lidl.

Ils ne sont ni campeurs, ni touristes, ni survivalistes : ils sont juste coincés entre deux loyers. À Morteau, Pontarlier ou Gilley, les logements sont devenus introuvables pour qui ne gagne pas six chiffres en francs suisses. Alors ils s’organisent : chauffage d’appoint, GPS sur batterie externe, et parfois une caisse de bières à partager entre collègues de parking.

On les reconnaît à leurs horaires décalés (lever 4h30), leurs sandales portées avec chaussettes en microfibre, et leurs thermos vintage qui sentent le café brûlé. Certains sont là par choix temporaire, d’autres depuis trois hivers.

La mairie de Pontarlier ne sait plus très bien s’il faut leur parler logement, écologie, ou sécurité routière. Le MHDGA, de son côté, les considère comme une preuve vivante que le pays manque cruellement de zones tampons à Comté subventionné.