Eolienne

Dans le Haut-Doubs, l’éolienne divise autant qu’elle s’élève. On la montre du doigt du fond de la vallée, on la surveille au téléobjectif depuis la terrasse, et on en parle toujours à voix mi-basse, mi-haute : « Tu sais qu’ils vont en mettre une autre là-bas ? Non mais tu te rends compte ? »

Majestueuse pour les uns, scandaleuse pour les autres, elle trône au sommet comme un pylône en liberté. Elle dit « je produis du courant propre », mais tout le monde entend « je t’empêche de voir le Jura ».

Les anciens jurent que ça fait fuir les vaches. Les jeunes disent que ça fait buguer la 5G. Les élus, eux, font semblant de ne pas voir, sauf quand il faut signer l’arrêté. Bref, l’éolienne est devenue, dans le Haut-Doubs, une sorte de grande girouette immobile autour de laquelle s’enroulent toutes les colères rurales.

À l’Ouest Républicain, on la regarde comme une créature symbolique : elle souffle sur les braises des réunions de hameaux, elle agite les débats de syndic, et parfois même elle se fait renverser dans une pétition.

Elle devait alimenter nos serveurs — c’était l’idée — mais finalement c’est Djäysonne qui pédale sur un vélo relié à une dynamo. On avance à son rythme.