Hier matin, Ă la suite de nos colonnes (virtuelles, mais bien patrimoniales), un lecteur zĂ©lĂ© souffle lâidĂ©e dâune OQTHD : lâ«âŻObligation de quitter le territoire du HautâDoubsâŻÂ» pour tous les nĂ©oâruraux et nĂ©oâfrontaliers qui oseraient transgresser les lois (fiscales, fonciĂšres, ou juste la sacroâsainte coutume du bon fromage au lait cru).
Le ton est humoristique, certes, mais la proposition pose questionâŻ: si tu franchis la frontiĂšre du Doubs, plus de cloches, plus de raclette, et tu files au minimum Ă Pontarlier pour un aller simple, voire au-delĂ .
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Contexte national propice
Le contexte national lâappuieâŻ: le gouvernement, par la voix de Bruno Retailleau, ministre de lâIntĂ©rieur (et tĂ©nor de la droite LR), martĂšle quâil veut un « rapport de force » avec lâAlgĂ©rie pour faire appliquer des OQTF refusĂ©es Ă rĂ©pĂ©tition par Alger, au nom de la pression diplomatique.
On frĂŽle lâabsurdeâŻ? Pas moins que notre lecteur nostalgique du Gaulois pur beurre (doubs) qui rĂȘve dâ« OQTHD » gĂ©nĂ©ralisĂ©e aux Français exilĂ©s dans le Doubs.
La loi française sur les OQTF a beaucoup changé : depuis janvier 2024, ces mesures valent désormais trois ans, permettent interdiction de retour, assignation à résidence, exclusion du logement social, etc.
Mais la rĂ©alitĂ© administrative montre que seules 7 Ă 8âŻ% des OQTF sont effectivement exĂ©cutĂ©esâŻ: des dossiers mal ficelĂ©s, des pays dâorigine peu coopĂ©ratifs, ou encore une justice attentive aux droits fondamentaux.
Rebond local
Notre lecteur propose donc de transposer cette machine administrative au microâterritoire du HautâDoubs, lâOQTHD, prononcĂ©e trĂšs simplement par le sous-prĂ©fet de Pontarlier (compĂ©tence nationale exclusive de cette autoritĂ©).
Imaginons : tu arrives de Paris pour une « reconversion verte » autour de la vigne comtoise, mais tu as grillĂ© trois radars Ă 30âŻkm/h, mal garĂ© ton C15 au marchĂ© du samedi, ou pireâŻ: tu portes des tongs en dehors des jours de foireâŻ: paf, OQTHD immĂ©diate, sans moquette, sans fromage et sans pardon.
Bien sĂ»r, câest une caricature Ă peine voilĂ©eâŻ: lâOQTHD ne respectera ni la loi nationale, ni les garanties juridiques, ni les droits de recours (recours pour excĂšs de pouvoir, contentieux devant le juge des libertĂ©s). Elle nâa pas de fondement lĂ©gal, mais permet Ă notre lecteur de dĂ©noncer la prolifĂ©ration des nĂ©oâruraux comme sâils Ă©taient des migrants clandestins⊠tout en gardant une touche dâhumour outrĂ©.
Pour rester dans lâesprit local et saga estivaleâŻ: on imagine Juliette la fromagĂšre, Paul lâapiculteur, Mireille lâĂ©crivaine en rĂ©sidence dâĂ©tĂ©âŻâ tous menacĂ©s dâOQTHD pour trouble Ă la quiĂ©tude du DoubsâŻ: les abeilles bourdonnent trop fort, les chĂšvres font du bruit avant 8âŻh, les Ă©crivains font trop de wifi dans les estives. Et hopâŻ: OQTHD.

Efficacité de la mesure
Pendant ce temps, Retailleau, Ă lâĂ©chelle nationale, caresse lâidĂ©e dâaugmenter la durĂ©e maximale de rĂ©tention administrative jusquâĂ 210 jours, mĂȘme si cela ne modifie quasiment rien au nombre dâexpulsions rĂ©ellement menĂ©es (merci la Cour des comptes).
Bref, la proposition du lecteur, brillamment nommĂ©e OQTHD, souligne avec humour la dĂ©rive bureaucratique et la fascination pour les mesures extrĂȘmes â au point de vouloir les appliquer aux nĂ©oâruraux qui, sembleâtâil, viennent envahir le territoire sacrĂ© du HautâDoubs.
OQTF ou OQTHDâŻ? Peu importeâŻ: lâessentiel est le cafĂ© du commerce du Doubs.