Fruitière
Dans le Haut-Doubs, la fruitière n’est pas une version rustique du supermarché bio. C’est une institution. Une enclave sacrée du savoir-faire fromager, une cathédrale du comté et parfois, soyons honnêtes, une coopérative où l’ambiance dépend fortement de qui tient la compta et de la température dans la cave.
Chaque village un peu digne de ce nom a sa fruitière, ou y a laissé un bout de son âme après une fusion intercommunale mal digérée. On y transforme le lait des vaches montbéliardes locales – si possible traites à la main, dans la brume et avec un fond de QFM à la radio – en meules imposantes que même les touristes prennent en photo, avant d’en acheter 200 grammes « pour goûter ».
Mais la fruitière, ce n’est pas qu’un lieu de production : c’est un carrefour narratif. On y croise l’élu local, l’agriculteur grisonnant, l’ado qui fait son stage de 3e, et le frontalier qui fait ses courses comme on fait allégeance.
C’est là que se décident les vraies tensions du territoire : prix du lait, planning de lavage de la cuve, et qui a osé livrer un bidon pas à 37°C. Autant dire que c’est plus stratégique qu’une réunion à la mairie.
Dans l’univers de l’Ouest Républicain, la fruitière est un marqueur identitaire fort : elle revient souvent en août, quand les Doubistes vendent le comté aux touristes après les avoir insultés tout juillet. Elle est citée à demi-mot dans les fiches de personnages comme Djäysonne (sa tante y bosse) ou Gisèle (qui n’achète plus son comté en grande surface depuis 1998).
Et ne vous avisez pas de confondre fruitière et fromagerie industrielle. Ici, on sait faire la différence. Et on vous jugera si vous ne la faites pas vous-même.
Fiche technique
- Nom alternatif : Coopérative laitière (mais évitez, merci)
- Statut narratif : Personnage principal
- Première apparition : Voir
- Rattachement narratif : Vie économique locale / Tensions estivales
- Citation :
« En août, on sourit derrière le comptoir de la fruitière. En juillet, on les insultait depuis le rond-point. » — La Rédaction