Pendant que la France rend hommage à ses aidants avec des campagnes officielles et des rubans bleus, le Haut-Doubs, lui, perpétue sa propre tradition : celle du systÚme D, du coup de main entre voisins et du thermos de soupe en guise de plan social.
La vraie innovation sociale, câest de trouver quelquâun pour ramasser ton courrier quand la boĂźte est sous un mĂštre de poudreuse.
Gérard Poncet, philosophe terrien
Lâalliance entre ALOGIA et la plateforme Ma Boussole Aidants (MBA) promet dâamĂ©liorer la vie de ces auxiliaires de vie, bĂ©nĂ©voles, dĂ©sintĂ©ressĂ©s, mais Ă©puisĂ©s, et de leurs proches. Dans le Haut-Doubs, câest dĂ©jĂ une rĂ©alitĂ© depuis longtemps â sauf quâici, lâaide se mesure souvent en pelles et en plaids.
 Dans cet article
âïž Lâaide Ă domicile, câest surtout dĂ©neiger lâaccĂšs
Quand ALOGIA parle de « maintien à domicile », dans le Haut-Doubs ça veut dire : maintenir le domicile visible sous 50 cm de neige.
Chaque hiver, des centaines de Doubistes se transforment en aidants improvisĂ©s, armĂ©s de pelles, de gants, et dâun sens de la solidaritĂ© aussi solide quâun ComtĂ© affinĂ© 36 mois.
Ă Pontarlier, GisĂšle â ancienne buraliste reconvertie en figure tutĂ©laire â tĂ©moigne :
« Y’en a deux qui m’aident : mon voisin pour les courses, et son fils pour relever la boĂźte aux lettres. Quand il neige, câest un emploi Ă plein temps. »
Les plateformes numĂ©riques comme MBA facilitent lâaccĂšs aux services dâaide, mais dans le Haut-Doubs, la plupart des gens trouvent lâaide⊠sur le trottoir dâen face.
đ± Le numĂ©rique au service du rĂ©el (et du bon sens rural)
Lâambition dâALOGIA, spĂ©cialiste de lâhabitat adaptĂ©, est dâaccompagner les personnes ĂągĂ©es et ceux qui leur viennent en aide grĂące Ă la technologie : capteurs discrets, alertes automatiques, suivi Ă distance.
Mais ici, on a dĂ©jĂ le mĂȘme systĂšme, en version analogique :
- un chat qui miaule quand la chaudiĂšre sâĂ©teint,
- un voisin qui frappe Ă la fenĂȘtre « pour voir si tout va bien »,
- et une GisĂšle qui appelle tous les matins « juste pour rĂąler, donc câest que je suis vivante ».
Les Doubistes ont inventĂ© la domotique avant les start-up : ça sâappelle la vigilance de clocher.
đ§€ Aidants du Haut-Doubs : plus costauds que les stats nationales
ALOGIA cite souvent les chiffres nationaux : 11 millions dâaidants, dont 61 % de femmes.
Ici, ce sont 100 % des habitants qui ont dĂ©jĂ aidĂ© quelquâun â un proche, un voisin, un touriste coincĂ© sur la RN57.
« Le Haut-Doubs, câest la seule rĂ©gion oĂč mĂȘme les sangliers1 participent Ă lâeffort collectif », plaisante GĂ©rard Poncet, notre ambassadeur local du MHDGA.
Il milite pour une reconnaissance officielle des aidants territoriaux, ceux qui déneigent le chemin de tout le hameau sans demander de facture.
Selon lui, « la vraie innovation sociale, câest de trouver quelquâun pour ramasser ton courrier quand la boĂźte est sous un mĂštre de poudreuse. »
đŹ Le mot de la fin, signĂ© GisĂšle
« Ătre aidant, câest comme faire du ski de fond sans fart : ça glisse pas, mais faut avancer quand mĂȘme. »
Et elle en sait quelque chose. Entre la paperasse, les rendez-vous mĂ©dicaux et les batteries dâapplications Ă installer, lâaidant du Haut-Doubs finit souvent par faire ce quâil fait de mieux : se dĂ©brouiller.
Mais cette fois, avec MBA, il aura peut-ĂȘtre un plan plus prĂ©cis que âprends Ă gauche aprĂšs la ferme et tout droit jusquâĂ la croixâ.

đ§ En rĂ©sumĂ© (mais pas trop bleu ciel)
ALOGIA et MBA ont le mĂ©rite de rappeler que lâaide aux aidants, ce nâest pas quâune affaire de chiffres ou de logiciels.
Câest un geste, un coup de fil, un plat chaud ou une pelle Ă neige partagĂ©e.
Et dans le Haut-Doubs, cette solidaritĂ©-lĂ ne sâaffiche pas sur une appli : elle se pratique en bottes.
- Evidemment, ils sont indispensables Ă la production du Mont d’Or. Si vous ne comprenez pas, vous ĂȘtes un lecteur du Bas. Mais on ne vous en veut pas (trop), promis. â©ïž
