🍾 Absinthiades à Pontarlier : quand le Haut-Doubs se remet à l’heure verte

Pontarlier – C’est reparti pour un tour : Pontarlier se prĂ©pare Ă  cĂ©lĂ©brer ce week-end ses Absinthiades, cette grande messe chlorophyllienne oĂč l’absinthe1 se fait religion, rite et produit d’appel touristique.

Ici, pas question de Mojito ou de Spritz : l’apĂ©ro se boit glacĂ©, vert et polĂ©mique, avec sucre et cuillĂšre trouĂ©e. Les Doubistes (les vrais, pas les Doubsien de la commune de Doubs, on vous voit venir) sortent les verres ballon, pendant que les Ă©lus polissent leur discours sur « l’identitĂ© locale » entre deux dĂ©gustations.

đŸ„‚ La ville repeinte en vert

D’habitude, on repeint les bancs, les passages piĂ©tons ou les ronds-points. Mais Ă  Pontarlier, chaque dĂ©but octobre, c’est la ville entiĂšre qui se teinte de vert anis. Les vitrines ressortent les vieilles affiches de Pernod, les musĂ©es dĂ©poussiĂšrent les alambics, et les commerçants font semblant de s’étonner que ça attire des touristes suisses comme des abeilles sur un pot de miel.

Il faut dire que l’absinthe, longtemps diabolisĂ©e, est devenue une carte de visite plus efficace que n’importe quel logo de communautĂ© de communes (CCGP). Le vin jaune a Arbois, le ComtĂ© aux Fourgs et Nans-sous-Sainte-Anne, et nous, on a le p’tit verre qui pique et qui fait causer.

Absinthiades Ă  Pontarlier : la grande fĂȘte locale de l’absinthe dans le Haut-Doubs, entre dĂ©gustations et patrimoine
Les tournesols c’est bien joli, mais la vraie muse du maĂźtre reste verte et anisĂ©e. đŸŒ»âžĄïžđŸƒ

🍃 Des concours plus sĂ©rieux qu’un concours agricole

Les Absinthiades, ce n’est pas qu’un folklore vaguement alcoolisĂ© : c’est une compĂ©tition internationale oĂč des jurĂ©s officiels, parfois aussi impassibles qu’un frontiste suisse au passage de la douane, notent les absinthes selon couleur, parfum, louche et persistance aromatique.

Les Absinthiades ce n’est pas seulement l’alcool : c’est un patrimoine immatĂ©riel, une culture locale, une filiĂšre agricole et mĂȘme une ouverture internationale.

ComitĂ© d’organisation des Absinthiades

L’ambiance ? Un mĂ©lange de salon de l’agriculture et de concours de Miss France, sauf que les reines du bal sont distillĂ©es entre Boveresse, Val-de-Travers et Pontarlier. Et croyez-le ou non : certains viennent avec la mĂȘme ferveur qu’on rĂ©serve Ă  un match du CAP.

🧔 GĂ©rard Poncet, juge improvisĂ© malgrĂ© lui

Impossible de passer Ă  cĂŽtĂ© du running gag politique local : GĂ©rard Poncet, moustachu officiel du MHDGA, a Ă©tĂ© aperçu hier devant le stand d’un distillateur jurassien, expliquant trĂšs sĂ©rieusement que « l’absinthe, c’est le seul rĂ©fĂ©rendum qui vaille ». Pour lui, la fĂ©e verte est « le ciment des Gens Authentiques », plus solide qu’un discours de Macron et plus digestible qu’un dĂ©bat Ă  l’AssemblĂ©e nationale.

Son chat Tavernier, restĂ© Ă  la maison, n’a pas eu droit Ă  la dĂ©gustation — une pĂ©tition aurait mĂȘme circulĂ© pour exiger la crĂ©ation d’un prix « absinthe pour fĂ©lins », vite enterrĂ© pour raisons sanitaires.

🚩 Quand le patrimoine rencontre la circulation

On aurait pu croire que la fĂȘte s’arrĂȘte aux verres servis sous chapiteau. Mais non : Pontarlier connaĂźt dĂ©sormais chaque annĂ©e son embouteillage officiel, version « bouchon Ă  la louche ».

L’absinthe, c’est le seul rĂ©fĂ©rendum qui vaille

Gérard Poncet

Entre les touristes suisses garés sur deux places à la fois, les Doubistes qui roulent au pas pour admirer les banderoles, et le hérisson local qui traverse pile quand la circulation est bloquée, la RN57 ressemble vite à un musée vivant du code de la route non respecté.

Comme toujours, Radio Plein Air assure le direct, avec un journaliste qui parvient Ă  parler d’alcool sans jamais lĂącher le mot « modĂ©ration ».

🔼 Tradition et avenir, vraiment compatibles ?

Les organisateurs des Absinthiades jurent que la fĂȘte, ce n’est pas seulement l’alcool : c’est un « patrimoine immatĂ©riel », une « culture locale », une « filiĂšre agricole » et mĂȘme une « ouverture internationale ». Bref, un futur radieux, repeint en vert pastel.

Pourtant, certains grincheux du Haut-Doubs rappellent qu’au rythme oĂč vont les choses, la seule absinthe qu’on boira en 2050 sera probablement une infusion de fenouil bio produite Ă  vĂ©lo par une start-up de Chaffois.

D’autres, plus radicaux, rĂ©clament carrĂ©ment que Pontarlier candidate auprĂšs de l’UNESCO, histoire que « le rituel de la cuillĂšre trouĂ©e » rejoigne la pizza napolitaine et le repas gastronomique français au patrimoine de l’humanitĂ©. On en reparle quand GĂ©rard Poncet sera maire ?

  1. L’abus d’alcool est dangereux pour la santĂ©, Ă  consommer avec modĂ©ration ↩

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