📰 ColĂšre des Ă©leveurs : quand la ruralitĂ© se heurte Ă  la bureaucratie sanitaire

Depuis plusieurs jours, la colĂšre des Ă©leveurs gronde dans les campagnes françaises. En cause : l’abattage de troupeaux entiers de bovins, dĂ©cidĂ© par les autoritĂ©s sanitaires aprĂšs la dĂ©tection de cas de dermatose nodulaire contagieuse. Une mesure jugĂ©e nĂ©cessaire par l’État, mais vĂ©cue comme brutale, injuste et dĂ©connectĂ©e du terrain par une grande partie des Ă©leveurs. Dans le Haut-Doubs comme ailleurs, cette crise sanitaire est devenue un symbole plus large : celui d’une ruralitĂ© qui ne se reconnaĂźt plus dans les dĂ©cisions prises Ă  distance, au nom de protocoles stricts et d’objectifs administratifs.

🐄 Une maladie rĂ©elle, une rĂ©ponse vĂ©cue comme disproportionnĂ©e provoque la colĂšre des Ă©leveurs

La dermatose nodulaire est une maladie virale bovine connue, surveillĂ©e et documentĂ©e. Elle ne prĂ©sente aucun danger pour l’homme, mais elle est redoutĂ©e dans les Ă©levages en raison de sa contagiositĂ© et de ses consĂ©quences Ă©conomiques. Pour y faire face, les autoritĂ©s sanitaires ont retenu une stratĂ©gie radicale : l’abattage total des troupeaux dĂšs qu’un cas est confirmĂ© dans une exploitation.

Si cette mĂ©thode s’inscrit dans des protocoles internationaux, elle suscite une incomprĂ©hension croissante sur le terrain. Pour les Ă©leveurs, un troupeau n’est pas un stock interchangeable. C’est un capital vivant, souvent construit sur plusieurs gĂ©nĂ©rations, fruit d’annĂ©es de sĂ©lection, de soins et d’investissements. L’abattage intĂ©gral, mĂȘme en prĂ©sence d’un nombre limitĂ© de cas, est perçu comme une rĂ©ponse aveugle, qui ne tient pas compte des rĂ©alitĂ©s humaines et agricoles.

🚜 Une mobilisation qui s’organise localement

Face Ă  cette situation, la contestation s’organise. Les rĂ©seaux sociaux sont devenus un relais direct de la parole agricole, permettant aux Ă©leveurs de documenter ce qu’ils vivent, sans filtre. Dans ce contexte, la Coordination rurale du Doubs a appelĂ© publiquement Ă  un rassemblement Ă  Pontarlier.

Dans un message largement relayé, le syndicat appelle « tous les agriculteurs et soutiens du monde rural » à se rassembler ce samedi 13 décembre à 11 heures devant la permanence de la députée Annie Genevard, située 5 rue du Parc à Pontarlier.

Le ton est grave : les Ă©levages y sont dĂ©crits comme victimes d’un « vĂ©ritable massacre sanitaire », et les organisateurs affirment refuser de « rester silencieux ». La mobilisation annoncĂ©e se veut dĂ©terminĂ©e mais pacifique, « sans aucune dĂ©gradation », avec pour objectif de dĂ©fendre « les animaux, les fermes et la dignitĂ© du monde agricole ».

Dans le Haut-Doubs, la colĂšre des Ă©leveurs monte face Ă  l’abattage de troupeaux entiers, symbole d’un fossĂ© croissant entre ruralitĂ© et bureaucratie centralisĂ©e.

Dans un territoire comme le Haut-Doubs, oĂč l’élevage structure l’économie locale autant que le paysage, cet appel trouve un Ă©cho particulier. Il traduit une inquiĂ©tude profonde et un sentiment de mise Ă  l’écart des dĂ©cisions.

Un troupeau n’est pas un stock interchangeable

Ordre des experts-comptables

📋 Quand la norme administrative ignore le terrain

Au-delĂ  de la maladie elle-mĂȘme, ce que dĂ©noncent les Ă©leveurs, c’est une maniĂšre de gouverner. Des dĂ©cisions prises Ă  l’échelle nationale, appliquĂ©es uniformĂ©ment, sans toujours laisser de place Ă  l’adaptation locale. Beaucoup rĂ©clament des solutions alternatives : vaccination Ă©largie, isolement ciblĂ© des animaux malades, analyses complĂ©mentaires avant toute dĂ©cision irrĂ©versible.

Les indemnisations promises par l’État, lorsqu’elles existent, peinent Ă  apaiser la colĂšre. Car si elles peuvent compenser une perte financiĂšre immĂ©diate, elles ne remplacent ni le travail de sĂ©lection gĂ©nĂ©tique, ni les annĂ©es d’efforts, ni l’attachement Ă  des animaux Ă©levĂ©s parfois depuis leur naissance.

đŸŒ± DĂ©fendre la ruralitĂ© sans nier les enjeux sanitaires

À L’Ouest RĂ©publicain, la position est claire : soutenir la ruralitĂ© ne revient pas Ă  nier la nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger la santĂ© animale. Mais cela implique de rappeler que les territoires agricoles ne sont pas des abstractions administratives. Une politique sanitaire efficace ne peut se construire durablement sans dialogue, sans confiance et sans reconnaissance du savoir-faire de celles et ceux qui vivent sur le terrain.

Dans le Haut-Doubs, cette crise agit comme un rĂ©vĂ©lateur. À force de dĂ©cisions perçues comme technocratiques, le fossĂ© entre la ruralitĂ© et la bureaucratie centralisĂ©e continue de se creuser, alimentant dĂ©fiance et colĂšre.

đŸ€ Une crise sanitaire devenue crise de confiance

L’abattage des troupeaux dĂ©passe dĂ©sormais la seule question vĂ©tĂ©rinaire. Il met en lumiĂšre un malaise plus profond : celui d’un monde agricole qui demande Ă  ĂȘtre Ă©coutĂ©, associĂ© et respectĂ©. Les Ă©leveurs ne rejettent pas la science ni la prĂ©vention, mais ils refusent d’ĂȘtre rĂ©duits Ă  de simples exĂ©cutants de protocoles dĂ©cidĂ©s loin de leurs fermes.

La sortie de crise passera nĂ©cessairement par des ajustements, de la concertation et une prise en compte rĂ©elle des rĂ©alitĂ©s locales. Car on ne gĂšre pas un territoire rural comme un dossier administratif, et dans le Haut-Doubs comme ailleurs, cette Ă©vidence mĂ©rite d’ĂȘtre rappelĂ©e.


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