La France compte dĂ©sormais 15 000 vĂ©los reconditionnĂ©s par lâĂ©co-organisme Ecologic.
Une initiative nationale, pleine de sens, qui vise à rendre la mobilité douce accessible à tous.
Mais dans le Haut-Doubs, entre Mouthe et Villers-le-Lac, la mobilitĂ© douce, câest souvent une question de survie.
Parce quâici, mĂȘme un vĂ©lo dâappartement a besoin de chaĂźnes neige.
 Dans cet article
âïž Le vĂ©lo solidaire⊠jusquâĂ -15°C
Dans le Haut-Doubs, on veut bien ĂȘtre solidaires, mais pas suicidaires.
La derniĂšre fois quâun cycliste a voulu faire la montĂ©e du Larmont en dĂ©cembre, on lâa retrouvĂ© au printemps, fondu avec la neige et une gourde encore pleine.
Alors oui, 15 000 vĂ©los reconditionnĂ©s, câest bien.
Mais il en faudrait surtout un avec des pneus cloutĂ©s, des garde-boues pare-grĂȘle et un dĂ©givreur intĂ©grĂ©.
Ă Pontarlier, la mairie salue lâinitiative et annonce quâelle pourrait mettre quelques exemplaires Ă disposition « dĂšs que la mĂ©tĂ©o le permettra », soit « entre juin et fin juillet ».
La pĂ©riode dâexploitation sera ensuite suspendue « pour cause de verglas et dâĂ©lection municipale ».
đ§ De lâĂ©conomie circulaire Ă la roue carrĂ©e
LâidĂ©e dâEcologic est simple : rĂ©parer, revaloriser, redistribuer.
Des vélos récupérés dans les déchetteries, remis en état et offerts à des associations solidaires.
Dans le Haut-Doubs, on connaĂźt bien le principe du recyclage : on ne jette rien, on garde « au cas oĂč ».
Une philosophie vieille comme le C15 du voisin, dont le moteur sert désormais à faire tourner la bétonniÚre.
à Morteau, un garage associatif a déjà proposé de transformer les vélos récupérés en véhicules quatre saisons :
- pneu hiver obligatoire,
- assistance électrique remplacée par un moteur de tronçonneuse,
- panier avant homologuĂ© pour la boĂźte de Mont-dâOr.
« Câest ça, la vraie mobilitĂ© durable », clame GĂ©rard Poncet, notre moustachu local du MHDGA, en montrant fiĂšrement son prototype : un VTT Ă assistance manuelle, Ă©quipĂ© dâun chasse-neige frontal.

âïž Un modĂšle exportable (sauf Ă plus de 800 m)
Ecologic affirme vouloir « démocratiser la mobilité douce ».
Mission difficile dans un territoire oĂč la route elle-mĂȘme dĂ©missionne chaque hiver.
Entre La Cluse-et-Mijoux et Gilley, certains tronçons ressemblent plus Ă un parcours de biathlon quâĂ une piste cyclable.
Les rares cyclistes observĂ©s lâhiver sont souvent des frontaliers en retard pour lâusine de NeuchĂątel â et encore, quand le vent ne les repousse pas en arriĂšre.
Mais ne boudons pas lâidĂ©e : si Pontarlier pouvait devenir le premier « Territoire VĂ©lo Durable sous conditions mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes », ce serait dĂ©jĂ une victoire symbolique.
DjĂ€ysonne, stagiaire multidirectionnel Ă la rĂ©daction, a dâailleurs testĂ© un de ces vĂ©los solidaires.
Verdict :
« Lâautonomie est bonne, mais dĂšs la RN57, jâai fait du patin Ă glace avec les freins bloquĂ©s. »
Un succÚs mitigé, donc.
đ LâĂ©cologie pragmatique du Haut-Doubs
Ici, on ne parle pas de greenwashing, on parle de gris-washing : la boue sur les jantes, la bise dans le nez et la certitude que lâhiver gagnera toujours.
Pourtant, lâesprit solidaire existe.
Des ateliers de réparation fleurissent jusque dans les villages : Houtaud, Oye-et-Pallet, Doubs.
Les anciens y apprennent aux jeunes à « rĂ©parer avec ce quâon a », câest-Ă -dire un marteau, du fil de fer et une bonne dose dâoptimisme.
« Reconditionner un vĂ©lo, câest comme rĂ©chauffer un Mont-dâOr : faut pas se tromper sur le timing », explique un bĂ©nĂ©vole philosophe.
đ§ Conclusion : la roue tourne (mais pas lâhiver)
Ecologic a beau viser la mobilitĂ© douce, dans le Haut-Doubs, câest surtout la mobilitĂ© courageuse.
Ici, un vĂ©lo solidaire, câest un vĂ©lo qui reste debout aprĂšs la premiĂšre rafale.
Mais lâintention est saluĂ©e : ça crĂ©e du lien, de la rĂ©cupĂ©ration, et un sujet de conversation de plus pendant lâapĂ©ro.
Ă dĂ©faut de rouler, on pĂ©dale au sens figurĂ© â et câest dĂ©jĂ pas mal.

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