Besançon, avril 2024 : lâancien Premier ministre Ădouard Philippe nâa pas seulement goĂ»tĂ© aux douceurs de la cancoillotte locale. Il a aussi dĂ©couvert ce que les vieux du Haut-Doubs appellent avec un demi-sourire : « les tarĂ©s du Doubs-du-Bas ».
Car câest bien lors dâune visite bisontine, au lendemain dâun grand rassemblement Ă Micropolis, quâĂdouard Philippe a vu son service de sĂ©curitĂ© sâactiver plus vite quâun Doubien qui entend le mot « gratuit ». Un type, pas content, aurait voulu passer du simple regard noir Ă la version physique â et pas pour lui offrir une saucisse de Morteau.
 Dans cet article
đš Les altercations selon Philippe
Dans une interview donnĂ©e rĂ©cemment au youtubeur Guillaume Pley (oui, Besançon est dĂ©sormais invoquĂ© jusque sur YouTube, on n’arrĂȘte pas le progrĂšs ma bonne dame), lâex-Premier ministre a racontĂ© « trois altercations », dont une violente.
Traduction locale : un bisontin à cran, possiblement dopé au Ricard, a tenté de lui expliquer que la démocratie, ça passe aussi par des bourrades au col de chemise.
Philippe sâen souvient avec son calme habituel :
« Je ne fais pas le malin avec ça mais ça aurait été physique », glisse-t-il.
Ici, on lâaurait plutĂŽt dit comme ça : « Jâte prĂ©viens, ça va partir en sucette. »
đïž Le dĂ©bat du moment : qui paye la sĂ©curitĂ© ?
Cette sortie tombe Ă point nommĂ© : Ă Paris, le nouveau Premier ministre SĂ©bastien Lecornu discute en ce moment du budget de lâĂtat, et notamment des avantages consentis aux anciens ministres. Chauffeurs, gardes du corps, bureaux chauffĂ©s Ă 22°C â le tout payĂ© par vos impĂŽts, Ă©videmment.
« Je ne fais pas le malin avec ça mais ça aurait été physique »
Edouard Philippe
Alors, utile ou pas, la garde rapprochĂ©e ? Quand on voit quâĂ Besançon, un ex-Premier ministre risque de finir bousculĂ© façon mĂȘlĂ©e du CAP au stade Paul Robbe, certains se disent que la dĂ©pense a du sens.
Dâautres, plus grincheux, rĂ©torquent quâavec deux agents de sĂ©cu et un hĂ©risson traversant la rue au bon moment, ça aurait suffi.

đżïž Le syndrome du Doubs-du-Bas
Car les Haut-Doubistes tiennent Ă le prĂ©ciser : nous ne sommes pas tous des Ă©nergumĂšnes prĂȘts Ă en dĂ©coudre avec des Ă©lus. Ici, quand on veut manifester, on le fait avec une banderole, trois cloches Ă vache et un plateau de ComtĂ©. Mais plus bas, du cĂŽtĂ© de Besançon, la rumeur court quâil existe une caste spĂ©ciale : les « tarĂ©s du Doubs-du-Bas », toujours prĂȘts à « monter » sur tout ce qui dĂ©passe.
Le maire du Havre (76) en a fait les frais, et il nâest pas le premier. On se rappelle dĂ©jĂ de François Hollande qui avait eu droit Ă une sortie mouvementĂ©e sur le marchĂ© couvert, ou de SĂ©golĂšne Royal, prise Ă partie Ă la gare Viotte par un monsieur en colĂšre que son TER soit en retard depuis⊠1998.
đ Et maintenant ?
Dans les couloirs du pouvoir, certains voudraient rationaliser : un petit forfait Uber pour les anciens ministres, une hotline vers Vigipirate, et basta. Mais dâautres rappellent quâentre Besançon et Pontarlier, il suffit dâun rond-point mal pris, dâun frontalier en SUV allemand, ou dâun hĂ©risson en travers de la chaussĂ©e pour que tout parte en vrille.
Bref, si on supprime les chauffeurs et les gardes du corps, qui va protéger les ex-ministres des coups de sang du Doubs-du-Bas ?
Peut-ĂȘtre GĂ©rard Poncet, qui verrait lĂ une belle mission municipale :
« Jâvous lâaurais calmĂ©, moi, le type ! Un coup de Pontâ, et ça repart. »

En attendant, lâaffaire alimente les dĂ©bats budgĂ©taires et offre Ă Ădouard Philippe une nouvelle anecdote Ă raconter. Et, dans la citĂ© de Victor Hugo, on peut dĂ©jĂ graver ça dans le marbre : le Doubs-du-Bas, câest toujours un cran au-dessus⊠surtout quand il sâagit de perdre le contrĂŽle.
Si vous préférez la version originale de prÚs de 2h30 à notre résumé, elle est ici.