Paris (Ile-de-France-du-Bas) – Il y a des communiquĂ©s de presse qui sentent le formol administratif, et dâautres qui transpirent la bouse fraĂźche. Celui reçu cette semaine appartient clairement Ă la deuxiĂšme catĂ©gorie : dĂ©sormais, les mĂ©tiers agricoles deviennent accessibles par la fameuse VAE agricole â la validation des acquis de lâexpĂ©rience.
Traduction : si vous avez passĂ© plus de temps derriĂšre une fourche quâĂ lâĂ©cole, vous pourrez bientĂŽt brandir un diplĂŽme tout neuf, estampillĂ© RĂ©publique française.
Ăvidemment, dans le Haut-Doubs, ça fait sourire. Ici, la moitiĂ© des ados savent traire une vache avant mĂȘme de savoir signer leur nom, et lâautre moitiĂ© ont dĂ©jĂ rĂ©parĂ© un C15 avec un tournevis cruciforme. Alors, la VAE agricole, câest un peu comme inventer la roue Ă Mouthe : merci, mais on lâavait dĂ©jĂ .
 Dans cet article
đ§ Une rĂ©volution… sur le papier
Le communiquĂ© promet une « reconnaissance officielle des compĂ©tences ». Autrement dit : la France dĂ©couvre quâun Ă©leveur de MontbĂ©liardes, capable de gĂ©rer 70 bĂȘtes sous la neige et de remplir 14 formulaires PAC avant le cafĂ© de 4h du matin, possĂšde bel et bien des compĂ©tences. Choc et stupĂ©faction Ă Paris, oĂč certains pensaient encore que la vache se branche sur secteur comme une cafetiĂšre italienne.
« à Pontarlier, je ferai valider par VAE chaque citoyen qui sait boire un Pont sans tousser. »
Gérard Poncet, docteur en simplification administrative
Mais attention : pour dĂ©crocher la VAE agricole, il faudra monter un dossier, prouver ses annĂ©es de pratique, et survivre Ă un jury. En clair, ce nâest pas la traite du matin qui fera le diplĂŽme. Encore une fois, le papier prime sur le lait.
đ Dans le Haut-Doubs, on relativise
Ă Pontarlier, un agriculteur nous confiait :
« Moi, ça fait trente ans que je bosse. Si câest maintenant quâon me dit que jâai de lâexpĂ©rience, ben jâvais pas attendre le tampon du prĂ©fet pour mâendormir ce soir. »
MĂȘme son de cloche du cĂŽtĂ© de Gilley, oĂč lâon prĂ©fĂšre compter les meules de ComtĂ© plutĂŽt que les crĂ©dits ECTS.
Pour beaucoup, cette VAE agricole ressemble Ă une nouvelle couche de paperasse, destinĂ©e surtout Ă occuper les fonctionnaires. Car enfin, qui dâautre quâun Doubiste sait ce que ça signifie de passer un hiver entier Ă dĂ©geler des abreuvoirs au chalumeau ? Certainement pas un inspecteur en cravate venu de Dijon.
Dans le pays mortuacien, on hĂ©site entre l’incomprĂ©hension de cette mesure et la fiertĂ© que celle-ci soit portĂ©e par la rĂ©gionale de l’Ă©tape, Ministre de l’agriculture, Annie Genevard.
đ LâĂ©ducation nationale se rĂ©veille
Autre nouveautĂ© : les centres de formation agricole et les MFR vont devoir sâadapter. Certains parlent dĂ©jĂ de « rĂ©volution pĂ©dagogique ». Ici, dans le Haut-Doubs, on visualise surtout des classes entiĂšres de jeunes frontaliers en puissance, assis sur des bottes de paille, en train de valider leur bac pro avec un stylo Montblanc payĂ© en francs suisses.
Le lycĂ©e agricole de Levier aurait mĂȘme prĂ©vu des modules optionnels :
- « Comment retrouver sa vache dans le brouillard »
- « Remplir une déclaration PAC sans sacrifier son dimanche »
- « Initiation à la survie sur la RN57 avec un troupeau »
On attend la mention européenne : « Spécialité transhumance vers Vallorbe ».
đ· Le MHDGA y voit dĂ©jĂ une promesse Ă©lectorale
Comme à chaque réforme, Gérard Poncet, moustache au vent et gilet sans manches, a flairé le filon. Pour lui, la VAE agricole doit devenir un pilier du programme municipal :
« à Pontarlier, je ferai valider par VAE chaque citoyen qui sait boire un Pont sans tousser. »
On attend encore la version officielle, mais dâaprĂšs nos sources, le MHDGA plancherait sur une dĂ©clinaison locale : la VAB (Validation des Acquis du Bricolage).
Pour dĂ©crocher ce diplĂŽme, il suffira dâavoir rĂ©parĂ© trois fois le dĂ©marreur dâun C15 avec un marteau, et dâavoir posĂ© au moins une clĂŽture Ă©lectrique de travers. Ou simplement, de savoir construire un frigo meuthiard.
đŠ Et le hĂ©risson dans tout ça ?
Au beau milieu des annonces, un dĂ©tail a failli passer inaperçu : quid des animaux non agricoles, mais trĂšs prĂ©sents dans nos contrĂ©es ? Le hĂ©risson, par exemple, qui traverse la route de Dommartin tous les soirs sans demander son agrĂ©ment. Faudra-t-il aussi lui faire valider ses acquis dâĂ©quilibriste routier ? On attend le dĂ©cret.
Bref, la VAE agricole, câest une belle idĂ©e, mais qui laisse le Haut-Doubs un peu dubitatif. Ici, on sait depuis longtemps que lâexpĂ©rience se mesure en litres de lait, en brouettes de fumier et en hivers passĂ©s Ă dĂ©neiger la stabulation. Pas besoin de tampon pour ça.