Ornans (Territoire contestĂ© entre le Haut-Doubs et le Doubs-Du-Bas) – Ces derniers jours, les secouristes du Doubs ont multipliĂ© les interventions sur la via ferrata dâOrnans.
Vacanciers mal chaussĂ©s, passages « extrĂȘmement difficiles » mal anticipĂ©s : entre sandales et crocs, la paroi rocheuse est devenue un terrain de jeu risquĂ©, et parfois⊠un hĂ©liport improvisĂ©.
 Dans cet article
â°ïž ĂphĂ©mĂšre style & drame vertical : l’Ă©tĂ© des sandales continue
Il y a ceux qui gravissent les sommets, et ceux qui sây font hĂ©litreuiller. Depuis dĂ©but aoĂ»t, la via ferrata dâOrnans, pourtant rĂ©ouverte avec prudence aprĂšs une fermeture pour instabilitĂ© gĂ©ologique, a connu une sĂ©rie dâinterventions dignes dâun feuilleton estival. Pompiers, GRIMP, hĂ©licoptĂšre : tout le monde est mobilisĂ©, sauf⊠les tongs.
« Moi je les ai vus, ils avaient lâair motivĂ©s, mais pas prĂ©parĂ©s. Le monsieur avait une sacoche banane et des crocs, la dame un sac DĂ©cathlon neuf. Jâai dit Ă ma femme : ‘Ils vont se faire hĂ©litreuiller avant lâapĂ©ro.’ On a eu raison. »
Marcel, Ornanais de 71 ans
DĂ©jĂ en juillet, LâOuest RĂ©publicain sonnait lâalerte : “ Sandales en montagne / Scandale en montagne : ces vacanciers qui osent encore venir dans le Haut-Doubs⊠en Birk ?” On croyait avoir touchĂ© le fond (du sentier). Or lâĂ©tĂ© nous rĂ©serve toujours une pente plus raide. Et cette fois, câest littĂ©ralement une paroi rocheuse qui lâa dĂ©montrĂ©.
đ L’appel vertical : deux alertes, un signal
Le 4 aoĂ»t, un couple de quinquagĂ©naires sâengage sur la section « extrĂȘmement difficile » de la via ferrata de la Roche du Mont. Leur erreur : penser quâun baudrier fait le montagnard.
« Pourquoi pas un piolet, tant qu’on y est ? », maugrĂ©e Joseph De Giorgi, dit Trop-de-ski, moniteur ESF Ă la retraite, qui rappelle en ricanant que lâoutil peut parfois servir Ă dâautres usages que lâalpinisme.
Bloqués à mi-parcours, ils sont secourus par le GRIMP et les sapeurs-pompiers du Doubs, qui les extraient délicatement du piÚge vertical. Rien de dramatique, mais un bon coup de chaud. Et pas que météorologique.
Le 15 aoĂ»t, rebelote. Une femme blessĂ©e, plusieurs autres randonneurs impliquĂ©s dans un incident non prĂ©cisĂ©, et une nouvelle intervention des secours. La montagne, elle, ne bronche pas : elle regarde juste les humains essayer de la “faire en baskets”.
đȘš Le piĂšge de la via ferrata : pourquoi ce site est traĂźtre
Le site Ă©quipĂ© de la haute vallĂ©e de la Loue est sĂ©duisant. On y accĂšde Ă pied, il surplombe la ville natale de Courbet, et elle promet une vue panoramique Ă 678 mĂštres dâaltitude. Mais ce nâest pas une balade du dimanche. Une fois engagĂ©, aucun Ă©chappatoire. Ce nâest pas un pont de singe, câest un test de Darwin.
Le risque de passer de L’Origine du Monde Ă la fin de sa vie est important.
LâitinĂ©raire a Ă©tĂ© fermĂ© au printemps 2025 pour risque de chutes de blocs. Des diagnostics ont Ă©tĂ© menĂ©s, des arrĂȘtĂ©s municipaux ont encadrĂ© la rĂ©ouverture.
Et malgré cela, certains montent en short, chaussés comme pour flùner à Palavas-les-Flots.

đŁïž TĂ©moignage local de Marcel, Ornanais pure souche
« Moi je les ai vus, ils avaient lâair motivĂ©s, mais pas prĂ©parĂ©s. Le monsieur avait une sacoche banane et des crocs, la dame un sac DĂ©cathlon neuf. Jâai dit Ă ma femme : ‘Ils vont se faire hĂ©litreuiller avant lâapĂ©ro.’ On a eu raison. »
Marcel ne monte plus, mais il observe. Et il nâest pas le seul Ă rĂąler. Le bistrot du coin aurait vu une hausse de la pression artĂ©rielle locale Ă©quivalente au dĂ©nivelĂ© de la via.
â ïž Ătiquette informative (mais Ă©nervĂ©e)
𧯠Le saviez-vous ? Une intervention du GRIMP mobilise au moins 6 secouristes + 1 logisticien + 1 médecin + 1 hélicoptÚre si besoin.
đž CoĂ»t moyen ? Entre 500 ⏠et 2 000 âŹâŠ pour rattraper une bĂȘtise en sandales.
đ Ăquipement minimum ? Casque, longe, harnais, chaussures de randonnĂ©e. Pas des tongs, pas des ballerines, pas des Crocs.
đ§ Conseil ? Quand câest marquĂ© “extrĂȘmement difficile”, ce nâest pas une ironie.
đĄ Sandales, suite (et fin ?) : la mode en accusation
Les sandales, symboles de libertĂ© estivale, deviennent les chaussures de lâangoisse dans le Haut-Doubs. Elles avancent bravement sur les graviers, glissent sur les racines, et sâarrĂȘtent net devant un cĂąble dâacier. Un mĂ©lange de dĂ©sinvolture et dâincomprĂ©hension de la montagne.

Et attention : on parle ici des sandales de rando sérieuses, pas des tongs à paillettes. Les tongs, elles, ne montent pas : elles sont absolument incompatibles avec toute activité autre que la sieste ou le Ricard.
đïž Dernier rappel : Ornans nâest pas un parc dâattraction
Il nây a ni file dâattente ni photobooth Ă la sortie. En revanche, il y a des gens fatiguĂ©s, qui aimeraient bien passer une journĂ©e sans harnacher un vacancier dĂ©sorientĂ©.
Un seul mot : respect. De la roche, des secouristes, des locaux, et surtout de vos chevilles.
Ils ont les mĂȘmes aux Antilles! Hier soir deux jeunes femmes ont du ĂȘtre secourues au python de la Fournaise,une en tong,la seconde en chaussures Ă talons…Quand le cerveau se liquĂ©fie Ă la chaleur,il est prĂ©fĂ©rable de faire trempette dans la piscine de l’hĂŽtel….