🐓 Wesh, wallah, vingt dieux : la rumeur qui affole TikTok
 mais pas DjĂ€ysonne

On l’a tous vue passer sur TikTok : cette vidĂ©o qui, sur fond de musique dramatique, affirme que le gouvernement aurait dĂ©cidĂ© d’interdire les mots « wesh » et « wallah » Ă  l’école.
Une mesure soi-disant punie par 130 euros d’amende et applicable dĂšs la rentrĂ©e. Les commentaires s’enflamment : « On peut plus rien dire », « bientĂŽt ils vont interdire de respirer ».
À Paris, ça s’indigne ; Ă  Lyon, ça philosophe ; Ă  Marseille, ça dit « wallah c’est faux »  et Ă  Pontarlier ? On hausse un sourcil, on finit sa tartine au ComtĂ©, et on passe Ă  autre chose.

« Je prĂ©fĂšre qu’ils disent “wesh” pour se saluer plutĂŽt que des mots que je ne peux pas rĂ©pĂ©ter ici. Et puis en Franche-ComtĂ©, on a notre propre stock d’expressions fleuries. »

Mme Brugnon, enseignante de français au CollÚge Grenier de Pontarlier

📚 DjĂ€ysonne, 12 ans, philosophe de cour de rĂ©crĂ©

Au collÚge de Pontarlier, la nouvelle est arrivée un lundi matin, portée par un élÚve de 4e dont le grand frÚre vit « ailleurs en France » (concept flou pour les collégiens du Haut-Doubs, qui concerne un territoire plus obscur encore que le Doubs-Du-Bas).

DjĂ€ysonne, 12 ans, Ă©lĂšve de 5e, n’a pas mis longtemps Ă  donner son avis :
« Wesh, j’ai dit Ă  Mathis : c’est que de la bĂȘtise ton truc, moi j’dis vingt dieux et chie dedans tous les jours, et c’est pas demain qu’on m’enverra une amende pour ça. »

Puis, dans un Ă©lan de solidaritĂ© qu’il revendique comme « international » :

« AprĂšs, j’me fais quand mĂȘme du souci pour mes potes qui vivent ailleurs en France. Si si, ça existe, enfin c’est des gars d’un groupe Telegram, je ne les connais pas IRL [NDLR : In Real Life, Dans la vie rĂ©elle]. Y a mĂȘme des gens qui vont Ă  l’école sans bonnet en hiver, t’imagines ? »

La fakenews de la contravention pour dire wesh ou wallah à l'école débunkée par la Haut-Doubs

🚹 Une interdiction
 qui n’existe pas

Le ministĂšre de l’Éducation nationale n’a jamais annoncĂ© l’interdiction de dire « wesh » ou « wallah ». Aucun dĂ©cret, aucune loi, aucune circulaire au Journal Officiel.

La vidéo qui a lancé la rumeur est un montage : fausses images de conférence de presse, logo bricolé, voix grave et texte alarmiste. Résultat : des millions de vues
 et zéro fondement juridique.

En rĂ©alitĂ©, les seules sanctions possibles pour des mots prononcĂ©s Ă  l’école concernent les insultes graves. Et encore, elles passent par le rĂšglement intĂ©rieur, pas par un code pĂ©nal imaginaire.

đŸ« RĂ©actions au collĂšge de Pontarlier

En salle des profs, Mme Brugnon, enseignante de français, sourit :

« Je prĂ©fĂšre qu’ils disent “wesh” pour se saluer plutĂŽt que des mots que je ne peux pas rĂ©pĂ©ter ici. Et puis en Franche-ComtĂ©, on a notre propre stock d’expressions fleuries. »

Le principal, lui, n’a pas perdu de temps : un mot affichĂ© sur la porte du bureau indique simplement “Aucune circulaire sur le sujet. Retournez en cours.”

Pendant ce temps, un surveillant croise un Ă©lĂšve en train de dire « wallah » dans le couloir. Verdict : pas de retenue, juste un haussement d’épaules.

🩔 Un hĂ©risson, deux expressions, zĂ©ro procĂšs

Ce midi-lĂ , alors que les collĂ©giens se dirigent vers le self, un hĂ©risson traverse lentement le passage piĂ©ton devant l’établissement.
DjĂ€ysonne, le voyant, s’exclame : « Wallah, il va se faire Ă©craser s’il continue comme ça ! »
À cĂŽtĂ©, son copain Lucas rĂ©pond : « Vingt dieux, fais-lui la circulation, alors ! »
Le hĂ©risson, qui ignore royalement les dĂ©bats linguistiques, continue sa route. Aucun policier n’est intervenu pour verbaliser les deux collĂ©giens.

🌍 Pourquoi cette rumeur marche-t-elle ?

Les sociologues ont leur explication :

  • Une bonne dose de mĂ©fiance envers les dĂ©cisions du gouvernement.
  • Une vidĂ©o montĂ©e pour faire peur, et donc faire le buzz.
  • Une absence de vĂ©rification : rares sont les internautes qui consultent le Journal Officiel avant de commenter.

💬 Et sur le terrain ?

Dans certaines grandes villes, des Ă©lĂšves se sont amusĂ©s Ă  dire « wesh » ou « wallah » en chuchotant, comme s’ils bravaient une interdiction.
À Pontarlier, on se contente de sourire. Comme le dit DjĂ€ysonne :

« Ici, si tu veux te faire remarquer, t’as qu’à venir en tongs en fĂ©vrier, c’est plus efficace que de dire wesh. »

Et d’ajouter, le ton sĂ©rieux :

« Si un jour ils interdisent vingt dieux, là je descends dans la rue. »

📌 Conclusion

Non, dire “wesh” ou “wallah” Ă  l’école ne vous coĂ»tera pas 130 euros. C’est une fake news bien ficelĂ©e mais sans fondement lĂ©gal.

À Pontarlier, DjĂ€ysonne continue Ă  parler comme il veut, entre hĂ©ritage local et expressions importĂ©es.
Et si un jour le gouvernement s’attaque aux mots « vingt dieux » ou « chie dedans », le Haut-Doubs risque de dĂ©couvrir ce qu’est une vraie mobilisation nationale
 avec hĂ©risson en tĂȘte de cortĂšge.

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