Besançon â Doubs-du-Bas. Il y a des drapeaux quâon hisse pour honorer, dâautres quâon garde pour dĂ©poussiĂ©rer. Et puis il y a ceux quâon retire discrĂštement, parce quâils ne collent plus Ă la dĂ©co de saison.
“Politique politicienne !”, tonne GĂ©rard Poncet.
Ă Besançon, le drapeau ukrainien, prĂ©sent depuis 2022 en soutien Ă Kyiv, a Ă©tĂ© retirĂ© du mĂąt de lâesplanade des Droits de lâHomme. La Ville lâassure : ce nâest pas un message politique, juste une mise Ă jour vestimentaire.
Le post-14 juillet, on remet la France đ«đ·, lâEurope đȘđș et la RĂ©gion đĄđ”. Point barre. Rien Ă voir avec lâactualitĂ© internationale. Ni avec le linge.
Sauf que voilĂ , la ficelle est un peu grosse. Ou plutĂŽt, le tissu est mal repassĂ©. Lâannonce de la plainte initiale de la mairie pour “remplacement sauvage” du drapeau ukrainien avait provoquĂ© lâĂ©moi. Avant quâon apprenne, quelques heures plus tard, que ce sont les services techniques de la Ville qui avaient eux-mĂȘmes reçu lâordre de lâenlever. De quoi faire passer les dĂ©clarations dâindignation pour ce quâelles sont : une belle figure de style, drapĂ©e dans lâhypocrisie.
 Dans cet article
đ§ GĂ©gĂ© balance la nappe sur la table
Il nâen fallait pas plus Ă GĂ©rard Poncet, figure haute-doubienne et candidat dĂ©clarĂ© Ă tout ce qui se prĂ©sente, pour enfiler son gilet sans manches et dĂ©gainer sa punchline. En tant que membre fondateur du MHDGA (Mouvement du Haut-Doubs â Gens Authentiques), GĂ©gĂ© ne laisse jamais passer une occasion de remettre lâĂ©glise au milieu du village â ou le drapeau au bout du mĂąt.
đ§đŹ Â« Ă Besançon, Ă force de faire de la politique politicienne, ils savent mĂȘme plus pourquoi yâa un drapeau au bout du mĂąt. Pour eux, câest juste un accessoire de saison. »
Une phrase cinglante, lancĂ©e entre deux chopes de Pontarlier, et qui rĂ©sume bien ce quâune partie des Doubistes pense tout bas. Ă savoir que dans le Bas-Doubs, on continue de faire de la politique comme on fait de la dĂ©co chez Maison du Monde.

đš Le pavoisage devient conceptuel
Câest que la mairie nâen est pas Ă son premier coup dâessai en matiĂšre de communication flottante. En mai dernier dĂ©jĂ , une banderole “Besançon pour la paix” avait Ă©tĂ© retirĂ©e du balcon de la mairie aprĂšs une polĂ©mique sur son orientation supposĂ©e pro-palestinienne. La stratĂ©gie semble rodĂ©e : on affiche, on rĂ©agit, on explique, on rĂ©tropĂ©dale⊠et surtout, on appelle ça de la « neutralitĂ© protocolaire ».
Sauf que dans le Haut-Doubs, la neutralitĂ©, on connaĂźt pas. On affiche nos couleurs mĂȘme quand il neige. Et on sait encore faire la diffĂ©rence entre un engagement diplomatique et une guirlande de kermesse.
đïž Le Haut-Doubs en embuscade
Pendant ce temps, Ă Pontarlier, les choses sont claires. Quand on met un drapeau, câest pas pour la mode, câest pour les valeurs. Et GĂ©rard Poncet, dĂ©jĂ crĂ©ditĂ© dâune belle popularitĂ© chez les anciens de la DDE et les fans de chasse Ă la boussole, incarne ce retour au bon sens.
Sa vision ? Un mùt, une conviction. Pas un défilé textile commandé par Excel.
La proposition du MHDGA de gĂ©nĂ©raliser les mĂąts rotatifs â permettant de changer de drapeau chaque jour selon lâactualitĂ© â a Ă©tĂ© mal comprise. Ce nâĂ©tait pas de lâironie. CâĂ©tait un manifeste.
Gégé précise :
« Si on met un drapeau rĂ©gional, câest parce quâon est fiers dâĂȘtre comtois. Pas parce quâil fallait trois couleurs assorties Ă lâagenda culturel. »
đ§Œ Drapeau lavĂ©, Honneur perdu
LâĂ©pisode du drapeau ukrainien nâest quâun symptĂŽme. Celui dâune mairie qui ne sait plus comment combiner son cĆur et son calendrier. Qui prend la diplomatie pour un calendrier mural, et les valeurs pour une option graphique.
Pendant que Besançon lave ses drapeaux Ă 30°, GĂ©gĂ©, lui, repasse les fondamentaux au fer bien chaud. Le genre de fer quâon branche directement sur le bon sens.