🎖️ Légion d’honneur galvaudée : place à la Légion du Haut-Doubs 1ère promotion !

Pontarlier – Chaque 14 juillet, c’est la mĂŞme chose : fanfares, drapeaux, garden-party et distribution de breloques dorĂ©es Ă  des gens (appelĂ©s pompeusement “rĂ©cipiendaires de la LĂ©gion d’Honneur) qui, très honnĂŞtement, n’ont jamais posĂ© un pied dans une tranchĂ©e ni mĂŞme changĂ© une bonbonne de gaz sous la neige.

Alors l’Ouest Républicain a décidé de prendre les devants. Puisque la patrie distribue ses médailles à ceux qui lui sont le plus inutiles, il est temps pour le Haut-Doubs de créer sa propre décoration : la Légion Haut-Doubienne du Mérite Authentique, ou LHMA pour les intimes.

Et contrairement à sa cousine parisienne, ici, on récompense des vraies personnes, qui bossent, qui râlent, qui déneigent, et qui sauvent notre quotidien sans tambours ni trompettes.

LĂ©gion d’Honneur : le contexte

Pourtant, c’est bien Napoléon qui avait créé la Légion d’honneur « pour récompenser les mérites militaires », et certainement pas pour organiser des promotions automatiques chaque 1er janvier ou 14 juillet.

Nous sommes alors le 29 florĂ©al An X, le Premier Consul crĂ©e l’Ordre. C’est le mĂŞme, devenu Empereur qui procède Ă  la première remise, le 15 juillet 1804 (Illustration ci-dessus). Les prĂ©mices de la valorisation des Grognards de la Grande ArmĂ©e.

Aujourd’hui ? On retrouve dans les heureux (?) élus un professeur de marketing en distanciel, un scénographe d’opéra bouddhiste à Dijon, une cadre de chez TotalEnergies qui « impulse une dynamique RSE » (oui, c’est écrit comme ça), et même, tenez-vous bien, le patron d’une entreprise de consulting en « gouvernance inclusive » à Paris 16e.

À ce rythme-là, même le hérisson de la déchetterie de Frasne mériterait sa rosette. Il a au moins l’élégance, lui, de traverser sans déranger la maréchaussée.

📜 Ils ont tous la LĂ©gion d’honneur…

… Mais pas pour les mĂŞmes raisons…

1.
2025 : Directrice de l’innovation « bien-être animal » chez Danone, décorée pour avoir imposé le yoga aux vaches laitières.
1807 : Sergent d’infanterie ayant survécu à Eylau après avoir reçu un sabre dans le coude et continué à charger en criant « Pour l’Empereur ! ».

2.
2025 : Chef d’équipe chez EDF, honoré pour avoir installé 14 bornes de recharge au siège social, dont 9 en panne.
1812 : Sapeur du Génie ayant creusé un passage sous le feu ennemi pour faire sauter un pont à Smolensk.

3.
2025 : Responsable RSE dans un groupe de luxe, félicitée pour avoir banni les gobelets en plastique dans les salons VIP.
1809 : Tambour-major de 14 ans, tombé à Wagram après avoir refusé de battre la retraite.

4.
2025 : Influenceuse climat, promue pour avoir posté 72 stories sur l’éco-anxiété en forêt domaniale.
1813 : Officier d’artillerie, resté seul à son canon pour couvrir la retraite de l’armée à Leipzig.

5.
2025 : Urbaniste en chef, décoré pour avoir fait pousser trois bacs de tomates sur une dalle de béton à La Défense.
1805 : Maréchal des logis de cavalerie, décoré à Austerlitz pour avoir capturé à lui seul un drapeau ennemi et deux officiers russes.

6.
2025 : Consultant en communication ministérielle, promu pour avoir trouvé le slogan « République du respect ».
1808 : Caporal amputé d’une jambe en Espagne, revenu au front avec une prothèse en bois et un sabre entre les dents.

7.
2025 : Chef de projet culturel, décorée pour avoir organisé un podcast immersif sur « la pluralité des récits dans l’espace francophone ».
1814 : Vieil adjudant-chef de la Vieille Garde, qui meurt à la barrière de Clichy en refusant de reculer.

8.
2025 : Manager RH dans un cabinet de conseil, médaillé pour avoir instauré deux jours de télétravail « facultatifs mais recommandés ».
1806 : Médecin-major ayant sauvé 52 blessés à Iéna sans anesthésie, sous la neige, avec une scie à bois et du vinaigre.

9.
2025 : Président de fondation d’art contemporain, promu pour avoir fait exposer un glaçon fondant au Louvre.
1811 : Capitaine du train des équipages, tombé en ramenant une pièce d’artillerie embourbée en pleine retraite.

10.
2025 : Influenceur food qui « valorise les terroirs » avec des vidéos sponsorisées sur les pickles.
1807 : Grenadier de la Garde qui, encerclé à Eylau, continue à se battre avec la crosse de son fusil jusqu’à la dernière cartouche.

🎖️Première promotion de la LHMA

Raymonde Piquerez

Raymonde Piquerez, de Gilley. Elle tient depuis 47 ans la boulangerie sans jamais avoir fermé un lundi. Sa baguette « tradition Franche-Comté » est capable de stopper une invasion ou un débat parlementaire. Elle a aussi survécu à trois redressements fiscaux, deux cambriolages et un stagiaire en BTS vente. Elle reçoit la Légion Haut-Doubienne pour services rendus à la digestion et à la paix sociale.

Raymonde, c’est pas une cheffe étoilée qui dresse des mousses au siphon : c’est la Joséphine Baker de la pâte à pain, avec un four à bois pour scène et du levain dans les veines.

Gérard Poncet

Gérard Poncet, de Pontarlier, ex-DDE et candidat MHDGA, pour ses 22 ans passés à dégager les routes avec un chasse-neige bricolé au Ricard et aux prières de sa mère. Jamais malade, toujours ronchon. En 2009, il avait même repoussé une avalanche à la pelle, seul, en insultant la météo suisse. La médaille lui sera remise, selon ses souhaits, dans une boîte de conserve vide de pâté Hénaff, par respect pour la solennité.

Gégé, c’est pas un influenceur de salon — c’est le général Cambronne en gilet sans manches, avec du Pont dans la gourde et un tournevis dans la main.

Gustavie Courbet

Gustavie Courbet (oui, c’est son vrai nom), 86 ans, de Ornans, présidente autoproclamée du Comité des Fêtes, du Club de Tarot, de la Chorale municipale et du Conseil de la sagesse du Haut-Doubs. Elle détient le record de quiches servies dans une vie (4372, dont 28 végétariennes à contrecœur).

Légion du Mérite pour sa contribution exceptionnelle à la convivialité des gymnases mal chauffés.

Madame Courbet, c’est pas une influenceuse du bien vieillir : c’est la Marianne des comités des fêtes, une main sur la nappe à carreaux, l’autre dans la quiche.

Photo : Tableau L’origine de la quiche vĂ©gĂ©, par Gustavie- MusĂ©e des Maisons Comtoises Ă  Nancray

Le Haut-Doubs crée sa Légion d’honneur locale du 14 juillet, pour récompenser le vrai mérite et des décorations utiles à la vie quotidienne.

Kévin Beuque

Kévin Beuque, de Labergement-Sainte-Marie, 19 ans, qui a réparé de ses mains le Wi-Fi de la mairie un dimanche à 22h, alors que la secrétaire était en train de remplir les CERFA pour la subvention du terrain de pétanque. Kévin n’a pas demandé un euro. En revanche, il réclame qu’on arrête de l’appeler « l’informaticien » : il veut juste bosser dans l’agro.

Kévin, c’est pas un start-upper de la tech en claquettes : c’est le Thomas Edison du Haut-Doubs, version bonnet Décathlon et câbles RJ45 dans les poches

Gisèle Martin

Gisèle, notre lectrice régulière de Morteau, ancienne tenancière du tabac-presse. Depuis sa retraite, elle mène une lutte sans merci contre les hérésies locales : touristes en tongs, pastis au lieu du Pont, et usage du mot « brunch » le dimanche matin. Elle est décorée à titre post-ménopausal pour sa résistance culturelle inflexible.

Gisèle, c’est pas une retraitĂ©e lambda : c’est la Jeanne d’Arc des traditions doubiennes, flamboyante en tablier, l’œil noir pour les Ă©trangers d’ailleurs.

🤷‍♂️Et les autres alors ?

Ah oui, bien sûr. La promotion nationale du 14 juillet compte aussi quelques noms plus ou moins connus. Une coiffeuse des stars, un ambassadeur à la retraite, une députée écolo qui a réussi à ne pas s’endormir une seule fois en commission.

Bravo à eux, sans doute. Mais le Haut-Doubs observe ça avec une certaine perplexité. Ici, on n’attend pas que Paris reconnaisse nos mérites. On se les remet nous-mêmes, entre gens de confiance, à la salle des fêtes, avec un buffet froid et du Comté de 24 mois.

Car soyons clairs : la vraie nation, c’est celle des déneigeurs à 5h du matin, des serveuses qui bossent le 14 juillet parce qu’« on fait les moules », des éleveurs qui n’ont jamais eu le temps de faire une manif mais qui savent recoudre une vache à main nue. Et cette nation-là mérite bien une médaille. Même si elle est en chocolat.

🍫Le saviez-vous ?

La LHMA sera fabriquée en série limitée par un artisan local à base de vieux morceaux de godasses, d’étain de cloches d’église et de plastique recyclé trouvé à la source du Doubs. Chaque médaillé aura droit à sa mention dans le livret communal, rubrique « gens utiles », juste après la liste des chiens dangereux et des porteurs de bois bénévoles.

Alors, ce 14 juillet, pendant que certains lèveront leur flĂ»te de champagne dans les jardins du palais de l’ElysĂ©e, nous, dans le Haut-Doubs, on lèvera notre verre de Pont Ă  ceux qui bossent, râlent et ne demandent rien.

Vive la Légion Haut-Doubienne ! Vive les Gens Authentiques ! Et surtout, bonne fête à toutes les Camille.

Un avis sur “🎖️ LĂ©gion d’honneur galvaudĂ©e : place Ă  la LĂ©gion du Haut-Doubs 1ère promotion !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *