Quand Stéphane Bern perd le nord : clochers contre éoliennes, la guerre des 4 vents aura-t-elle lieu ?

Pontarlier – Il fut un temps où Stéphane Bern enjambait les douves des châteaux avec la grâce d’un chroniqueur amoureux du patrimoine. Mais le voilà aujourd’hui remonté comme un coucou suisse, et pas contre n’importe qui : les éoliennes. Dans Le Figaro, le chantre des vieilles pierres s’offusque, le sourcil haut et la cravate droite, de voir “remplacés nos clochers par des éoliennes”. Excusez du peu.

Dans le Haut-Doubs, on a bien entendu son appel au vent. Et comme souvent, on a haussé les épaules. Parce que chez nous, les clochers, on les garde. Mais les éoliennes, on les prend aussi. Et on ne voit pas bien le problème à ce qu’une pale tourne au loin pendant que les cloches sonnent l’angélus.

Don QuiBern contre les moulins à vent

Stéphane Bern voit dans les éoliennes une attaque contre “l’âme des villages” (prononcer « l’ââââme dès villââââges »). Et c’est vrai que dans certains coins de France, on a mis des parcs entiers là où il y avait jadis des prés et des ânes.

Mais dans le Haut-Doubs, où les clochers comtois résistent mieux que les radars automatiques, la cohabitation se fait plutôt en bonne intelligence.

D’ailleurs, à La Planée, on a un clocher typique, un petit bistrot pas loin, et quelques éoliennes au col. Et personne ne s’est encore roulé par terre en criant à la fin du patrimoine. À croire que les gens du coin ont compris un truc : l’un n’empêche pas l’autre.

L’éolienne n’est pas une hérésie

Il faut dire que notre bon Stéphane Bern semble oublier un détail : les clochers, c’était déjà une manière de signaler quelque chose au loin. Un repère, un message vertical au milieu de l’horizontalité bucolique. Eh bien, les éoliennes, c’est un peu pareil : elles disent “voici le vent, voici l’énergie, voici l’avenir”. Ce n’est peut-être pas aussi poétique qu’un bourdon du XVe siècle, mais enfin, on ne va pas tous se chauffer au missel.

Et entre nous, on préférera toujours une éolienne qui ronronne au loin à une centrale à charbon plantée dans la vallée, surtout un jour de bise noire où le brouillard sent déjà le diesel.

Faut-il rappeler à Stéphane Bern que le patrimoine, ce n’est pas que les pierres ? C’est aussi les paysages, l’air qu’on respire, la manière dont on habite nos montagnes sans tout cramer ?

Le clocher donne l’heure, l’éolienne l’énergie

Dans une commune comme Les Fourgs, on peut entendre les cloches, voir les vaches, et lever les yeux vers une hélice qui tourne fièrement sur la crête. Pas besoin de choisir. Ce n’est pas une querelle entre modernité et tradition. C’est une alliance. Le clocher nous rappelle d’où on vient. L’éolienne nous montre où on va.

Les deux s’élèvent. L’un vers le ciel, l’autre vers l’avenir. Si vraiment Bern veut défendre le patrimoine, qu’il commence par les croix de chemin qui s’effacent dans l’indifférence, les forêts ravagées par les scolytes, ou les maisons en tavaillon transformées en résidences secondaires cubiques pour néo-parisiens à SUV électrique (ou Diesel pour les plus vroomers d’entre eux).

Stéphane Bern voit dans les éoliennes une menace pour nos clochers, mais dans le Haut-Doubs, on sait qu’on peut faire sonner les cloches tout en faisant tourner les pales.

Un vent de panique ? Non, un souffle de bon sens

L’outrance de Stéphane Bern, qui met dans le même sac éolienne, laideur et profanation, en dit plus sur sa nostalgie que sur la réalité. C’est facile de défendre les vieilles pierres depuis un bureau parisien. C’est autre chose d’essayer de faire vivre un territoire, avec des énergies locales, des projets collectifs, et un peu de bon sens.

L’idée n’est pas mûre, mais Gérard Poncet, notre candidat pontissalien aux municipales, est formel :

“Tant qu’elle tourne pas plus vite que la cloche, on devrait pouvoir faire un mix”.

En attendant, laissons Stéphane Bern râler contre le vent. Dans le Haut-Doubs, on préfère l’attraper. Et pendant qu’il s’indigne dans les salons dorés, nous, on garde nos clochers… et on fait tourner les hélices.

Stéphane Bern voit dans les éoliennes une menace pour nos clochers, mais dans le Haut-Doubs, on sait qu’on peut faire sonner les cloches tout en faisant tourner les pales.

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