Coup du sort ou karma local : un escroc pontissalien a vu sa carriĂšre sâarrĂȘter net jeudi aprĂšs-midi, rattrapĂ© non pas par la justice, mais par le bon vieux sens du hasard, aprĂšs un hasardeux vol de CB.
PONTARLIER â Il y a des jours oĂč il vaut mieux rester couchĂ©. CâĂ©tait manifestement le cas de ce malandrin mal inspirĂ© qui, aprĂšs avoir dĂ©robĂ© une carte bancaire dans le centre-ville de Pontarlier ce jeudi 3 juillet, a cru bon de confier le retrait Ă un inconnu croisĂ© devant le distributeur oĂč il escomptait vider le compte de sa victime. Manque de chance pour lui : lâhomme Ă qui il a tendu la carte Ă©tait… un policier en civil. Oui, dans le Haut-Doubs, mĂȘme les pickpockets font du tourisme risquĂ©.
Selon nos informations exclusives (parce que oui, on traĂźne aussi au centre-ville, – et on veille sur nos confrĂšres de la PQR, ainsi que sur les notifications des tags de nos fidĂšles lecteurs), le suspect aurait profitĂ© de la faiblesse dâune personne vulnĂ©rable â probablement un vrai Pontissalien qui avait encore confiance en lâhumanitĂ©.
 Dans cet article
CarriÚre de délinquant, mission n°1 : vol de CB
SâĂ©tant emparĂ© du prĂ©cieux sĂ©same, notre gĂ©nie du crime aurait ensuite cherchĂ© quelquâun pour lâaider Ă effectuer un retrait. Pour ne pas laisser de trace sur la vidĂ©osurveillance de l’appareil (dĂ©linquant niveau Parrain). Ou parce quâil ne comprenait pas le fonctionnement des distributeurs (dĂ©linquant niveau petite frappe). Lâhistoire ne le dit pas.
Ce que lâhistoire dit en revanche, câest quâil est allĂ© voir un passant, dâun air complice : « Dis, tu veux bien me rendre un petit service ? » Le passant en question nâĂ©tait autre quâun agent de police en tenue civile, probablement en pause sandwich ou en mission de surveillance discrĂšte, ce qui revient souvent au mĂȘme dans nos contrĂ©es. ĂtonnĂ© par la demande, puis suspicieux devant la nervositĂ© de lâindividu, le policier a rapidement flairĂ© lâembrouille et supputĂ© le vol de CB.
Course-poursuite Ă la Doubienne
Sâensuit une scĂšne digne dâun Ă©pisode de Julie Lescaut au pays du ComtĂ© : le suspect prend la fuite en courant, slalomant entre les bacs Ă fleurs et les piĂ©tons mĂ©dusĂ©s.
Le policier, lui, se lance Ă sa poursuite, probablement aprĂšs avoir fini son sandwich (nâoublions pas que nous sommes Ă Pontarlier, on ne plaisante pas avec les pauses repas).

Probablement adepte de la sĂ©rie GTA – Grand Theft Auto, ce jeu vidĂ©o ultra violent prisĂ© de la gĂ©nĂ©ration Y, l’individu tente dans sa fuite de s’emparer de plusieurs vĂ©hicules.
La course sâachĂšvera quelques rues plus loin, dans une ruelle bien connue pour ses trottinettes en libre-service jamais rechargĂ©es. Lâindividu, visiblement moins entraĂźnĂ© que son poursuivant, a Ă©tĂ© rapidement plaquĂ© au sol et menottĂ©. Il aurait, selon des tĂ©moins, tentĂ© de prĂ©texter « un simple service entre amis » avant de se raviser et dâadopter le classique « jâsais mĂȘme pas câque câest, une carte bleue ».

Garde Ă vue et interrogations philosophiques
InterpellĂ© et placĂ© en garde Ă vue, lâescroc devra rĂ©pondre de ses actes devant la justice. Ă commencer par ce chef dâaccusation peu banal : avoir proposĂ© un acte frauduleux Ă un agent de lâordre en civil. Un peu comme si on proposait Ă un douanier suisse de passer du fromage dans le coffre.
En attendant son audience, lâindividu mĂ©dite probablement sur ses choix de carriĂšre, son sens du timing, et surtout sur cette ironie typiquement doubiste : dans le Haut-Doubs, on ne sait jamais si la personne Ă qui lâon parle est un touriste naĂŻf ou un flic en planque.
DâoĂč lâintĂ©rĂȘt, pour les dĂ©linquants en devenir, de privilĂ©gier les retraits dans des lieux plus neutres. Comme Gilley. Ou Morteau. Enfin, Ă vos risques et pĂ©rils. Pas de camĂ©ra de vidĂ©osurveillance, mais un rĂ©seau de Voisins Vigilants trĂšs rĂ©actif, composĂ© majoritairement de chasseurs Ă la dĂ©tente lĂ©gĂšre.
La morale ?
Ă Pontarlier, la dĂ©linquance a encore du chemin Ă faire avant dâatteindre le niveau des grandes villes. Ici, mĂȘme les voleurs se font prendre par surprise. Et le karma, lui, porte souvent un brassard sous son gilet.
Partout en France, on dit de ce genre d’individu qu’il n’est pas le pingouin qui glisse le plus loin sur la banquise, qu’il n’est pas le couteau le plus aiguisĂ© du tiroir ou encore qu’il n’est pas le crayon le mieux taillĂ© de la trousse.
Dans le Haut-Doubs, question de chauvinisme local, nous sommes plutÎt sur le Comté le moins affiné de la cave.