🐄Intervilles sans vachettes : dans le Haut-Doubs, c’est l’émeuh-te !

đŸŽ¶Shanana – ShanananaflopđŸŽ¶

Pontarlier, capitale du bon sens contrariĂ© — Ce soir, alors que la France redĂ©couvre Intervilles dans une version toute neuve sur le petit Ă©cran, le Haut-Doubs, lui, rumine sa colĂšre. Le jeu emblĂ©matique de l’étĂ©, qui autrefois faisait courir les vachettes et hurler les prĂ©sentateurs en chemise fluo, revient
 sans ses stars Ă  cornes. Une dĂ©cision que les Doubistes vivent comme une gifle en pleine Ă©table.

Pas de vachettes ? Ici, on parle de sacrilĂšge. À Pontarlier, Morteau, Frasne ou Gilley, la nouvelle a provoquĂ© une onde de choc plus intense que la fonte d’un comtĂ© mal affinĂ©.

« Qu’on me dise que le Larmont est une colline et pas une montagne, passe encore. Mais Intervilles sans vachettes ?! C’est une atteinte directe Ă  l’identitĂ© bovine française »

GĂ©rard Poncet, 66 ans, retraitĂ© de la DDE, porte-casquette du MHDGA (Mouvement du Haut-Doubs – Gens Authentiques) et homme de principe est indignĂ©.

La vachette Ă©vincĂ©e : l’indignation monte

Ce retour « modernisé » du jeu, coproduit par Nagui, veut se donner des airs éthiques et responsables. Fini les courses folles, les glissades dans la boue et les frissons de derniÚre minute : désormais, place aux structures gonflables, aux quiz chronométrés et aux candidats tout sourire. Le tout, sans la moindre corne en vue.

Nagui, producteur et apĂŽtre du divertissement propre, avait d’ailleurs dĂ©clarĂ© qu’Intervilles pouvait « trĂšs bien vivre sans vachette ». À croire qu’il n’a jamais mis les pieds Ă  la Foire de Labergement-Sainte-Marie un jour de transhumance.

« Nagui veut du jeu sans vachettes ? Qu’il commence par faire Taratata sans amplis ! », tonne GĂ©rard Poncet en tapant sur la table de la buvette du CAP. Ambiance.

Intervilles sans vachettes : Pas merci Nagui !

Un territoire en résistance

Dans les campagnes du Haut-Doubs, la mobilisation est aussi spontanĂ©e que dĂ©terminĂ©e. À Gilley, quatre gĂ©nisses – Choupette, Biquette, Trotinette et MĂ©gane – ont Ă©tĂ© alignĂ©es devant la mairie pour former un barrage symbolique. À Morteau, un spectacle commĂ©moratif intitulĂ© Intervillages : le retour de la vache est en prĂ©paration, avec de vraies vaches et de faux animateurs.

MĂȘme les enfants sont mobilisĂ©s : Ă  La Cluse-et-Mijoux, des Ă©lĂšves de CM2 ont fabriquĂ© une vachette en papier mĂąchĂ© de trois mĂštres de haut baptisĂ©e « Justice ». On raconte qu’elle sera exposĂ©e ce week-end au marchĂ© couvert, entre les pommes de terre nouvelles et le Morbier AOP.

La Vache qui rit ? Pas ce soir.

Du cĂŽtĂ© de Lons-le-Saunier, au musĂ©e de la Vache Qui Rit, on essaie de garder le sourire mais le cƓur n’y est pas. La cĂ©lĂšbre mascotte fromagĂšre, d’habitude hilare – surtout pendant que ses amies d’Intervilles massacrent des candidats, affiche ce soir un air pincĂ©.

« Une vache qui ne court plus, qui ne bondit plus, qui ne charge plus
 ça finit par ressembler Ă  un yaourt bio du 16e arrondissement », confie un visiteur dĂ©sabusĂ© devant la fresque murale.

Dans le Haut-Doubs, on redoute surtout un prĂ©cĂ©dent : si les vachettes disparaissent des Ă©crans, c’est la porte ouverte Ă  toutes les dĂ©rives. AprĂšs les cornes, les cloches ? AprĂšs les sabots, les sonnailles ? Et ensuite, quoi ? Le ComtĂ© pasteurisĂ© ? Les fondues au tofu ?

Le MHDGA appelle Ă  la vigilance

Le Mouvement du Haut-Doubs – Gens Authentiques, dĂ©jĂ  trĂšs actif sur les sujets brĂ»lants comme les sandales touristiques ou les cyclistes en lycra, a convoquĂ© une rĂ©union d’urgence hier soir Ă  la salle polyvalente de Houtaud.

À l’ordre du jour : une rĂ©solution ferme exigeant le retour des vachettes pour les futures saisons. Et si possible, avec les mĂȘmes rĂšgles que dans les annĂ©es 90 : de la gadoue, du cri primal, et de la sueur. Et des chutes mĂ©morables !

« Intervilles, c’est pas un PowerPoint avec des quiz pendant que Yoann Riou se prend pour « Le Nijinski du Sifflet ». C’est du muscle, de la boue, du panache ! C’est une vache qui vous regarde dans les yeux pendant que vous tombez dans une piscine de margarine ! »

On n’arrĂȘte plus GĂ©rard Poncet, enflammĂ© et applaudi par une poignĂ©e de militants en salopette.

Une question de civilisation

Ce soir, devant les Ă©crans cathodiques du Haut-Doubs, les rĂ©actions seront scrutĂ©es. On rira peut-ĂȘtre un peu, on grimacera sĂ»rement, mais on ne se taira pas. Car ici, on n’oublie pas que les vachettes d’Intervilles Ă©taient plus qu’un dĂ©tail : elles Ă©taient l’ñme du jeu.

Et si la tĂ©lĂ© veut tourner la page, le Haut-Doubs, lui, rendra hommage Ă  ses hĂ©roĂŻnes Ă  cornes. Peut-ĂȘtre mĂȘme qu’un jour, une statue de MĂ©gane, gĂ©nisse lĂ©gendaire de Gilley, trĂŽnera fiĂšrement au rond-point de Doubs. Avec une inscription simple, mais ferme :

« Sans nous, votre tĂ©lĂ©, c’est du flan. »

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