Châlons-en-Champagne / Pontarlier — C’est une info qui donne des sueurs froides… ou presque. Alors que les températures grimpent jusqu’à la canicule, certaines académies et municipalités ont trouvé une solution inattendue pour rafraîchir les élèves : les emmener dans les grandes surfaces.
Oui, vous avez bien lu. À Châlons-en-Champagne, un document, dont on s’efforce de valider le caractère officiel, suggère de conduire les enfants dans les allées climatisées de Carrefour ou Leclerc pour leur éviter les effets de la canicule. On parle ici de « possibilité de rotation entre structures », comme s’il s’agissait de centres aérés, et non d’un plan d’évacuation pédagogique vers le rayon poissonnerie.
Nous avons évidemment sollicité le rectorat et la municipalité, dont ces consignes émaneraient, pour en comprendre la logique. Malgré nos relances répétées, aucune réponse n’a été fournie à cet instant. Le silence vaut-il approbation ? Ou gêne passagère ? Mystère et canicule.
Enquête sur les mystérieuses instructions révélées par la page RIP-Educ, qui appuie sur leur véracité.
Avant toute avancée, que nous nous permettons allégrement, nous reproduisons ici ce qui émanerait du chef du service « Vie des Elèves » de la préfecture champenoise.

Éducation sous vide
Pour les enseignants, c’est la consternation.
« On nous parle d’inclusivité, de continuité pédagogique, de bienveillance… et là, on nous propose de faire cours entre les têtes de gondole et le coin des promos barbecue », résume une professeure en CE2, encore étonnée qu’aucun badge « enseignant partenaire » ne lui ait été fourni.
Timide, elle n’ose pas témoigner plus dans nos colonnes, mais raconte volontiers son expérience ailleurs.
Car dans les faits, on frôle la délégation climatique de service public à la grande distribution. L’école de la République devient saisonnière, comme les glaces en tête de caisse. Et puisque les infrastructures scolaires ne sont pas pensées pour l’été, c’est au privé de prendre le relais, avec clim, carrelage et lumière néon.
Dans le Haut-Doubs, ça tousse fort
Dans le Haut-Doubs, la nouvelle a mis le feu aux poudres, ou plutôt au comté.
Si pour l’instant aucun établissement local n’a officiellement lancé de « sortie fraîcheur » vers Intermarché, l’idée fait déjà bondir parents, enseignants et retraités à moustache.
« On veut faire des mômes des produits frais en transit ? Qu’ils viennent à la cave, on leur montrera la vraie fraîcheur, celle du rocher, pas du frigo », tempête un ancien du Val de Morteau, visiblement peu fan des solutions clés en main importées de la plaine.
Dans les cafés de Pontarlier, la grogne monte. Certains évoquent des solutions plus enracinées, des projets d’écoles semi-enterrées, ventilées naturellement par les vents du Larmont.
Un collectif informel de citoyens, encore sans nom officiel, milite même pour une conversion d’urgence des caves à fromages ou de la cellule de Toussaint Louverture en salles de classe d’été.
« Du bois, du silence, du 12°C naturel et de la transmission : on coche toutes les cases. »
Le pragmatisme authentique en embuscade
Sans le nommer, on sent poindre derrière ces réactions un mouvement naissant, qui rêve d’un Haut-Doubs autonome, où l’école ne dépend ni du climat, ni du Leclerc Drive.
« On est capables de gérer nos mômes, nos saisons et nos températures sans faire appel à la galerie marchande », affirme un élu rural, sous couvert d’anonymat.
Il glisse qu’un manifeste est « en cours de rédaction », et qu’un site « devrait voir le jour à l’automne ».
En clair : certains, dans l’ombre, se préparent à offrir une alternative « authentique et enracinée » à cette gestion nationale du thermomètre.
À défaut d’un programme structuré, ils avancent déjà quelques slogans :
- « Pas de clim, du Comté »,
- « Moins d’enseigne, plus d’épicéa »,
- « Pour l’école, on n’achète pas, on construit ».
L’école en mode promo à l’heure des soldes
Pendant ce temps, dans certaines académies, les enseignants organisent la logistique. Départ en bus à 13h30, retour à 15h30, passage obligé par les portes automatiques. Les élèves entrent transpirants, ressortent rafraîchis, parfois avec un paquet de Pitch ou une promo sur les classeurs.
La République n’a peut-être plus les moyens d’isoler ses écoles, mais elle peut compter sur la climatisation collective des zones commerciales.
Pour combien de temps encore ? Et à quel prix symbolique ?