🧊Canicule : quand l’école fait classe au rayon frais

ChĂąlons-en-Champagne / Pontarlier — C’est une info qui donne des sueurs froides
 ou presque. Alors que les tempĂ©ratures grimpent jusqu’Ă  la canicule, certaines acadĂ©mies et municipalitĂ©s ont trouvĂ© une solution inattendue pour rafraĂźchir les Ă©lĂšves : les emmener dans les grandes surfaces.

Oui, vous avez bien lu. À ChĂąlons-en-Champagne, un document, dont on s’efforce de valider le caractĂšre officiel, suggĂšre de conduire les enfants dans les allĂ©es climatisĂ©es de Carrefour ou Leclerc pour leur Ă©viter les effets de la canicule. On parle ici de « possibilitĂ© de rotation entre structures », comme s’il s’agissait de centres aĂ©rĂ©s, et non d’un plan d’évacuation pĂ©dagogique vers le rayon poissonnerie.

Nous avons Ă©videmment sollicitĂ© le rectorat et la municipalitĂ©, dont ces consignes Ă©maneraient, pour en comprendre la logique. MalgrĂ© nos relances rĂ©pĂ©tĂ©es, aucune rĂ©ponse n’a Ă©tĂ© fournie Ă  cet instant. Le silence vaut-il approbation ? Ou gĂȘne passagĂšre ? MystĂšre et canicule.

EnquĂȘte sur les mystĂ©rieuses instructions rĂ©vĂ©lĂ©es par la page RIP-Educ, qui appuie sur leur vĂ©racitĂ©.

Avant toute avancĂ©e, que nous nous permettons allĂ©grement, nous reproduisons ici ce qui Ă©manerait du chef du service “Vie des ElĂšves” de la prĂ©fecture champenoise.

canicule : vraies ou fausses instructions de la municipalité de Chùlons ?

Éducation sous vide

Pour les enseignants, c’est la consternation.
« On nous parle d’inclusivitĂ©, de continuitĂ© pĂ©dagogique, de bienveillance
 et lĂ , on nous propose de faire cours entre les tĂȘtes de gondole et le coin des promos barbecue », rĂ©sume une professeure en CE2, encore Ă©tonnĂ©e qu’aucun badge “enseignant partenaire” ne lui ait Ă©tĂ© fourni.

Timide, elle n’ose pas tĂ©moigner plus dans nos colonnes, mais raconte volontiers son expĂ©rience ailleurs.

Car dans les faits, on frĂŽle la dĂ©lĂ©gation climatique de service public Ă  la grande distribution. L’école de la RĂ©publique devient saisonniĂšre, comme les glaces en tĂȘte de caisse. Et puisque les infrastructures scolaires ne sont pas pensĂ©es pour l’étĂ©, c’est au privĂ© de prendre le relais, avec clim, carrelage et lumiĂšre nĂ©on.

Dans le Haut-Doubs, ça tousse fort

Dans le Haut-Doubs, la nouvelle a mis le feu aux poudres, ou plutÎt au Comté.
Si pour l’instant aucun Ă©tablissement local n’a officiellement lancĂ© de “sortie fraĂźcheur” vers IntermarchĂ©, l’idĂ©e fait dĂ©jĂ  bondir parents, enseignants et retraitĂ©s Ă  moustache.

« On veut faire des mĂŽmes des produits frais en transit ? Qu’ils viennent Ă  la cave, on leur montrera la vraie fraĂźcheur, celle du rocher, pas du frigo », tempĂȘte un ancien du Val de Morteau, visiblement peu fan des solutions clĂ©s en main importĂ©es de la plaine. Surtout contre la canicule. Il a vĂ©cu celle de 1976, et comme il aime Ă  le dire : il n’en est pas mort.

Dans les cafĂ©s de Pontarlier, la grogne monte. Certains Ă©voquent des solutions plus enracinĂ©es, des projets d’écoles semi-enterrĂ©es, ventilĂ©es naturellement par les vents du Larmont.
Un collectif informel de citoyens, encore sans nom officiel, milite mĂȘme pour une conversion d’urgence des caves Ă  fromages ou de la cellule de Toussaint Louverture en salles de classe d’étĂ©.

« Du bois, du silence, du 12°C naturel et de la transmission : on coche toutes les cases. »

Le pragmatisme authentique en embuscade

Sans le nommer, on sent poindre derriĂšre ces rĂ©actions un mouvement naissant, qui rĂȘve d’un Haut-Doubs autonome, oĂč l’école ne dĂ©pend ni du climat, ni du Leclerc Drive.

« On est capables de gĂ©rer nos mĂŽmes, nos saisons et nos tempĂ©ratures sans faire appel Ă  la galerie marchande », affirme un Ă©lu rural, sous couvert d’anonymat.

Il glisse qu’un manifeste est « en cours de rĂ©daction », et qu’un site « devrait voir le jour Ă  l’automne ».

En clair : certains, dans l’ombre, se prĂ©parent Ă  offrir une alternative “authentique et enracinĂ©e” Ă  cette gestion nationale du thermomĂštre.

À dĂ©faut d’un programme structurĂ©, ils avancent dĂ©jĂ  quelques slogans :

  • « Pas de clim, du ComtĂ© »,
  • « Moins d’enseigne, plus d’épicĂ©a »,
  • « Pour l’école, on n’achĂšte pas, on construit ».

Canicule : L’école en mode promo Ă  l’heure des soldes

Pendant ce temps, dans certaines académies, les enseignants organisent la logistique. Départ en bus à 13h30, retour à 15h30, passage obligé par les portes automatiques. Les élÚves entrent transpirants, ressortent rafraßchis, parfois avec un paquet de Pitch ou une promo sur les classeurs.

La RĂ©publique n’a peut-ĂȘtre plus les moyens d’isoler ses Ă©coles, mais elle peut compter sur la climatisation collective des zones commerciales.

Pour combien de temps encore ? Et Ă  quel prix symbolique ?

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