Par Djäysonne, stagiaire intrépide qui maîtrise mieux la raclette que l’Histoire locale.
Dans les profondeurs paisibles du Haut-Doubs – un phénomène architectural et politique inattendu émerge depuis quelques mois : le retour du clocheton républicain. Ces petits édifices, longtemps considérés comme dépassés, font désormais l’objet d’une surprenante résurgence dans les communes les moins peuplées du territoire.
C’est Rochejean, petit village perché à deux pas du Mont d’Or, qui a lancé cette tendance improbable. Alors qu’il restait à peine 38 habitants et exactement deux ânes (Gaspard et Philibert), le maire, Hubert Coulot, ancien joueur de pétanque devenu spécialiste des travaux publics improvisés, a décidé de réinstaller un clocheton républicain au-dessus de la mairie.
« Quand j’ai dit au conseil qu’il fallait ramener la République au village, certains pensaient que je voulais inviter le sous-préfet à boire un coup. Mais non, je pensais à un vrai clocheton », explique Hubert Coulot avec sérieux.
Inauguration du premier clocheton républicain
La première sonnerie, inaugurée par le préfet du Doubs (visiblement perplexe mais souriant poliment), a suscité une petite émotion collective. « Ça sonnait comme une renaissance, quelque chose de profondément français… ou suisse. Enfin, c’était beau », raconte Djäysonne, qui, submergé par l’émotion, a même versé une larme dans son Mont d’Or chaud.
Après Rochejean, le phénomène s’est répandu comme une traînée de poudre. Les petites communes, souvent oubliées des politiques publiques (et parfois même de Google Maps), se sont empressées d’adopter leur propre clocheton républicain. À Petite-Chaux, 36 habitants au dernier recensement et une vache récalcitrante, l’édifice trône désormais fièrement au-dessus du four communal. Une habitante témoigne : « On ne savait pas qu’on avait besoin d’un clocheton républicain avant qu’il soit là. Maintenant, impossible d’imaginer vivre sans. »
Le match du clocheton républicain vs son voisin
Plus loin, à Fourcatier-et-Maison-Neuve, la course au clocher républicain a même provoqué une petite polémique : deux clochetons républicains ont été installés simultanément sur deux bâtiments distincts, suscitant une querelle entre voisins. Le préfet a dû arbitrer, et finalement, il a été décidé qu’un clocher sonnerait les heures républicaines, l’autre les demi-heures révolutionnaires. Les habitants sont ravis, même s’ils ne comprennent plus rien à l’heure exacte depuis.
D’après Djäysonne, désormais spécialiste en clochetonologie républicaine après 24 heures passées à enquêter sur place (en réalité, principalement à boire du Pont artisanal), ces édifices auraient aussi des vertus électorales. Un candidat local confie : « Avec un clocheton, on attire les jeunes. Bon, surtout les jeunes retraités, mais quand même ! »
Le phénomène intéresse désormais jusqu’à la capitale. Un conseiller du ministre de l’Intérieur aurait même suggéré que ces clochetons pourraient être utilisés pour des alertes nationales (tremblements de terre, pénuries de cancoillotte, ou défaites du FC Sochaux). Mais l’idée a été accueillie fraîchement par les habitants qui préfèrent largement que leur clocher sonne uniquement pour rappeler que « ici, on est toujours un peu républicain, même si on ne sait plus exactement ce que ça signifie ».
En attendant, la Fédération départementale des clochetons républicains (FDCR) vient d’être créée, avec siège social à Chapelle-des-Bois, où le maire ambitionne d’organiser prochainement le premier congrès international des clochetons républicains. La Suisse, intriguée, aurait même envisagé d’envoyer un observateur.
