Par DjÀysonne, notre stagiaire en bottes Solognac
Chapelle-des-Bois – dans ce Haut-Doubs oĂč mĂȘme les discussions sur le choix du bois de chauffage peuvent dĂ©gĂ©nĂ©rer en duel de regards, la chasse Ă courre est redevenue un outil de dialogue social. Loin des salons parisiens oĂč lâon ne chasse plus que les likes sur LinkedIn, ici on rĂšgle les conflits Ă lâancienne, avec chiens, chevaux et beaucoup de souffle. Explications de la rĂ©daction.
 Dans cet article
RĂšglement de comptes Ă OK Chapelle
Tout commence avec un diffĂ©rend entre le maire et le prĂ©sident du club de ski de fond local, au sujet dâun panneau directionnel installĂ© trop prĂšs de la piste des sangliers. Le conflit menaçait de paralyser la commune. Câest alors que Madame Lavigne, doyenne du village et ancienne championne de lancer de clochettes, propose une solution inspirĂ©e du bon sens franc-comtois : « On va organiser une chasse Ă courre. Celui qui reste en selle jusquâau bout aura raison ».
LâĂ©vĂ©nement a rassemblĂ© tout le village : le notaire en habit vert forĂȘt, la boulangĂšre en bottes de foin, et mĂȘme le facteur, qui pour lâoccasion a remplacĂ© son vĂ©lo par un poney noir. DjĂ€ysonne, notre stagiaire, a suivi la battue de prĂšs : « Jâai vu le maire tomber dans une orniĂšre Ă cause dâun liĂšvre facĂ©tieux, mais il sâest relevĂ© comme un vrai. »
Aussi imaginaire que la chasse aux Ćufs de PĂąques
Le gibier, quant Ă lui, avait Ă©tĂ© prĂ©venu Ă lâavance : ici, pas question de blesser qui que ce soit. CâĂ©tait une chasse symbolique. Les chiens aboyaient avec enthousiasme mais sans rĂ©elle agressivitĂ©, comme pour dire : « On joue Ă la politique rurale, pas Ă la guerre ».
Depuis cette journĂ©e mĂ©morable, les conflits se rĂ©solvent dĂ©sormais Ă Chapelle-des-Bois au rythme des cors de chasse. On parle mĂȘme dâinstaurer une « battue de mĂ©diation » trimestrielle dans le plan local dâurbanisme. Le prĂ©fet aurait demandĂ© des comptes, mais sâest vu rĂ©pondre : « Si vous nâavez jamais couru en bottes derriĂšre un cerf imaginaire, vous ne pouvez pas comprendre. »

Un sociologue de Pontarlier Ă©voque dans une tribune lâĂ©mergence dâune nouvelle diplomatie rurale, oĂč les animaux jouent un rĂŽle de mĂ©diateurs silencieux. Pour lui, cette approche pourrait inspirer les ministĂšres nationaux. Un appel du pied Ă la ministre de l’Agriculture, de surcroĂźt rĂ©gionale de l’Ă©tape ?
A voir. En attendant, cette mĂ©thode aurait pu ĂȘtre testĂ©e lors des Ă©meutes urbaines au Pont des Rosiers, l’Ă©tĂ© dernier.